Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/502

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qui éclairent le sommet des casques seulement : le tout, d’un grand mouvement de fureur guerrière.


Toutes les religieuses paraissent belles. D’après une expérience fréquente, je suis sûr qu’il n’y a point d’ornement artificiel ou de parure étudiée qui puisse faire, à moitié près, autant d’impression que le modeste et simple habit d’une religieuse. J’ai aussi souvent remarqué et admiré avec plaisir les sentiments d’affection et d’amour qui animent les visages de maintes personnes religieuses dans les églises, et je suis persuadé que la chaleur et l’émotion qu’elles ressentent devant les madones et leurs saints favoris doivent être extrêmement satisfaisantes pour l’âme. J’avoue que j’envie leur état. Et je maudis du fond du cœur cette philosophie qui, avec toute sa froideur et ses triomphes insipides, nous laisse dans une espèce d’apathie stoïque et anéantit les plus douces émotions de l’âme, pour lesquelles l’homme semble fait si particulièrement.


Il faut peindre sur des impressions de colle. J’ai vu chez le peintre Conti, à Rome, sur un portrait du Pape, la preuve que l’on obtient, par ce moyen, beaucoup de fraîcheur dans les teintes. Dans ce portrait, il y avait un tapis noir brun à fleurs, qui faisait très bien.

Il est indubitable que l’on peut obtenir beaucoup de gras et de chaleur dans les teintes, enfin peindre doré et gras comme les Vénitiens, sans employer comme eux des toiles à impressions grossières. La preuve de l’effet contraire est dans les portraits et tableaux de certains peintres qui ont peint très uni et fini sur des enduits très polis, tels que Allori et autres.


On a dit, en parlant de Racine et autres, que ces grands hommes savaient à fond le grec et que c’est en se nourrissant des chefs-d’œuvre de l’antiquité qu’ils ont fini par