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choses et de se passer des autres nations dans toutes sortes d’arts.


Il y a plus d’analogie qu’on ne pense entre le bon goût et les bonnes mœurs. Il est un sentiment exquis des convenances que donne un heureux naturel et que développe une éducation libérale.

J.-A.-D. Ingres.
III

Et maintenant que les Registres d’Ingres sont passés en revue, depuis la première page où il a écrit : « J’arrivai à Paris, un mois avant la journée du 18 Fructidor, sous le Directoire, » jusqu’à la dernière, où, dessinant à 86 ans un morceau de Giotto, il a répondu à quelqu’un qui lui demandait pourquoi : « Pour apprendre ! » essayons d’évoquer la longue vie du maître à travers les quatre salles qui nous conservent, exposés ou en cartons, ses cinq mille dessins annoncés, — le plus beau lot de cet inappréciable héritage. Dans ce musée hospitalier, où la ciel reste sur la porte, devant ces cartons ouverts et ces passe-partout qu’aucune main indiscrète ne fera passer ailleurs, espérons-le, nous jouirons de la même liberté que Paul Flandrin qui, en en feuilletant un jour quelques-uns dans l’atelier d’Ingres, disait :

— Comme tout cela va, bras dessus bras dessous, avec les grands maîtres !

Pour ne pas s’égarer dans cette frondaison touffue du Bois Sacré ingrien, le voyageur divisera utilement ces cinq mille feuilles en deux parts :

1° L’ensemble des dessins divers exécutés par Ingres, en dehors de ses œuvres peintes ;

2° Les études faites par Ingres pour ses œuvres peintes ou seulement ébauchées.

Dans la première catégorie, nous rangerons ^33 dessins exécutés de 1791 à 1806, et au nombre desquels nous