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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/64

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Lefèvre n’est pas digne de ma colère, mon rival, mon cabaleur ! Ah ! divine Providence, vous êtes visible dans les petites choses comme dans les grandes. Sa lettre impartiale n’a donc pas fait fortune !…

Le 17 janvier 1807, il écrivait encore à M. Forestier :

Je ne vous cache pas que je suis bien refroidi sur l’estime que je dois tenir de pareils juges qui viennent de me traiter avec tant d’injustice. Si cela continue, mes ouvrages ne seront jamais goûtés ; car je ne ne suis pas d’humeur à changer la seule et vraie route que je me suis tracée, bien au contraire ; je suis dedans plus que jamais, avec seulement l’idée de la perfection ; je suis inflexible, et incapable d’aucune espèce de complaisance pour le mauvais goût qui est général, même j’ose dire dans ceux qui font le mieux. Je suis las des conseils que l’on me donne. Je n’en veux plus, ils n’ont qu’à les garder pour eux, puisqu’ils les trouvent bons. Pour moi, je n’en veux que de moi. Avec leur gothique, les insensés, ils appellent ainsi ce qui porte le vrai caractère ; il n’est pas possible qu’en un seul jour je sois devenu gothique, c’est plutôt la comparaison du voisinage de leur peinture flasque et lâche qui a pu mettre même ceux qui s’y connaissaient dans l’erreur sur mes ouvrages, et prendre pour gothique ce qui est sévère et noble. Oui c’est ainsi que je parle de mes ouvrages. J’ai beau me les rappeler, je n’y vois rien de gothique et il n’y manque que la perfection de ce qu’ils appellent gothique pour les rendre parfaits. Du gothique dans M me Rivière, sa fille. Je m’y perds et je ne les entends plus. Au reste, Bartolini est l’homme à qui je reconnais non seulement le plus de talent, mais un talent du temps de Périclès, c’est-à-dire beau. J’ai en lui la plus grande confiance ; faites-moi le plaisir de le sonder adroitement là-des-