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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/74

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pas à Paris à cette époque. Il faudra alors que je fasse une petite apparition dans ma bonne patrie où le plaisir de t’y voir, cher ami, sera le plus grand.

Je reviens à ta dernière lettre. Ta modestie m’a presque donné de l’humeur ; mais si tu ne connais pas ce que tu vaux et ce que tu es, c’est assez que d’autres le sachent, sans parler de tes talents effectifs et de tout ce que je te connais, qui est meilleur. Avec qui, depuis quatorze ans, ai-je pu si bien causer, m’en tendre et si bien entrer, par la plus saine philosophie, dans le secret des arts ? À la vérité, les plus sages ont dit : « Je sais que je ne sais rien » ; mais il faut savoir beaucoup, pour dire ainsi. Rougis tant que tu voudras ; c’est une vérité et tes lettres sont des monuments, à l’appui de ce que je dis, et la vraie preuve de ton noble esprit et de ton excellent cœur.

Ayant encore fait quelques retouches à notre petit tableau d’Henri IV, qui sèchent difficilement parce qu’il est peint sur bois, je n’ai pu, jusqu’à ce jour, l’expédier. On est donc à faire sa petite caisse et on peut le regarder, comme parti. Pour ce qui concerne sa direction de voyage, je me consulte avec mon ami M. Gonin, ce négociant suisse dont je t’ai parlé. Si la voie que ta m’indiques est plus sûre, je la prendrai ; à moins que la sienne ne le soit encore davantage : car cela est bien important, en Italie. Adonc, dans trois ou quatre jours, le tableau part. Je t’apprendrai, de suite, par une lettre, quelle est sa vraie route et