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Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/165

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saurais donc traduire ces mots autrement que je ne l'ai fait, quoique le sens ne soit pas trop clair.

Dans ce qui suit, les difficultés se rattachent surtout aux mots toàra bir uɣyš alpaɣu = toṅra jyłpaɣuty (c-à-d., selon moi, ɣu‿aty) bir uyySyy, II E 31, et elles concernent soit les mots pris séparément, soit leur combinaison syn- taxique. Qu'est-ce que uyy§ ou uyuëf Radloff le traduit par cweise», (un homme) sage, ce qui, je crois, n'est pas correct. J'y vois une dérivation de *uy, uq dans les dialectes de l'Altaï, race, famille («Geschlecht, Familie, Her- kunft», Radloff, Wôrterb. I, p. 1605; ces dialectes n'ont jamais y, mais seule- ment q, dans la fîn des mots). En conséquence, uyyë signifierait: appartenant à une race ou à la même race, acception qui me parait convenir partout où se présente ce mot (1 S 1 = Il N 1, I S 6, II E 25). Il peut très bien être identique au djag. uyuë, petit-fils, acception qui a pu surgir par une spécialisation de celle qu'on vient de nommer. Alors Tongra semble devoir être le nom de la race ou famille à laquelle appartient le tué, et probablement une race distinguée. Je ne saurais décider si ceci est la même chose que le Thounglo des Chinois, nom d'une horde des Houi-ho (voir, p ex., Visdblou, p. 57 b). Enfin je suppose qa'Alpagou est le nom du personnage même, nommé, en U, Yilpagou (Jy^P^Y^'^^^yy ^^^ ^ n^o^- Y. son nom, c.-à-d. nommé Y.?). Je ne saurais croire qu'il y ait de relation entre ce mot et alpaut (coman, dial. de Kasan), alpayyi (Tobolsk), alpagui (mongol), cEdelmann, Gutsbesiizer, Guts- herr» (Radloff, Wôrterb. I, p. 430, 431). La marque de l'accusatif n'est ajoutée qu'au dernier mot, ici àrig^ en II uyyëyy. — Pour la traduction des mots toàa^ tigin juyynda, pendant les funérailles de Tongatéghin, je me range du côté de Radloff, cbei der Leichenfeier (der Bestattung) des Tonga-Tegin», sans pouvoir autrement donner de renseignement sur ce détail. S'il est correct que tous les combats mentionnés en I N 4—8 eussent lieu «en un an», il faut bien, comme cela résulte de ce qui suit, que l'épisode dont il s'agit ici, se soit passé en 730, l'année précédant la mort de Kultéghin. A elle-même cette rai- son suffit pour rendre évident que Tonga-téghin (un Ogouz?) ne saurait être identique à ce Thong-'o-te-kin qui, suivant les sources chinoises, fut décapité, en 714, sous les murs de Peithing ou Bichbalik, quoique le nom semble être le même (voir p. 70 et suiv.). — Sur àgirip, en II agira, voir note 55.

58) [I N 7]. Le dernier élément de ce nom, qadaz ou qadyz (la con- fusion des deux signes pour d dans l'affixe da s'expliquerait peut-être plus facile- ment, si la voyelle de la dernière syllabe était y que si elle était a?) a indu- bitablement un sens appellatif, p. ex., vallée ou quelque chose de semblable; mais, ne sachant rien là-dessus, j'ai maintenu le mot turc dans la traduction. Quant à la leçon adoptée par Radloff, qadynda {= ouig. qadyn), «unterhalb des Âsgèinti», je fais observer, d'une part, que les deux inscriptions ont bien nettement z rP , qu'on ne saurait confondre avec n rH ; d'autre part, qu'en somme on n'écrit jamais d après n voir p. 42, note 1.