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pronominal de la 3e personne (?) [«einen» ou tseinen durch Holdigung hohen Ehrenpiatz ûbergab ich ihm>, p. 79, comp. p. 128] : d’ailleurs il retrouve ce même mot dans plusieurs autres endroits [v. p. 128], où, selon ma conviction, il n’y a que des formes de tôrû.) Quoi qu’il en soit, je crois que ma traduction «avec grands honneurs» exprime assez bien l’idée. — Il va sans dire que, dans le premier passage de cette section, nànââ (leçon qui me paraît sûre), quantum, et le supposé anéa ont proprement le sens d’adverbes (comp. anâa^ par ex , I £ 3, 21, I S 2, etc.). J’aurais pu traduire : «Dans la même étendue que [mon père], etc., [avaient organisé — ] les peuples des quatre coins du monde, dans cette même étendue j’ai moi-même, après mon avènement, organisé, etc.»

115) [II N 11—12]. Suivant toute vraisemblance ce passage fait allusion non seulement au produit des incursions, mais aussi aux avantages commerciaux que l’empereur de Chine accorda aux Turcs en 727 ; voir p. 77. On remarquera que les objets de prix énumérés ici et que le kagan a obtenus (des Chinois ?) pour ses Turcs, sont caractérisés, chacun séparément, par un complément déterminatif. — Je regarde comme absolument sûre la leçon ôrûà^ kumûëin (comp. Inscr. de VOrkhon, p. 22) : ôrûfi (ouig., djag.), blanc, brillant, lumineux, est bien l’adjectif convenable à l’argent En yakoute, où kômûs a pris le sens de métal en général, on désigne l’argent par ûrûà kômûs, «le métal blanc». — L’adjectif qyryyylyy est formé d’un substantif qyryyy + -^yy, de qyry- (ou qyryy-^ comp. Radloff, Phonetik, § 119) = osm. qyrq-, djag. qirq-, tailler, couper avec les ciseaux (comp. aussi djag. qiriy, qiriq, pièce, morceau, de qir-, osm. qyr-, briser, tailler en pièces). Le substantif qyryyy a dû signifier coupe ou pièce (coupée), et l’adjectif en -iyy, ce qui est coupé ou à couper, ce qui est en pièces. Cette épithète montre donc que qutaj doit être le nom d’une étoffe, suivant toute vraisemblance de la soie, étoffe particulièrement appréciée par les Turcs et qu’ils tiraient principalement de la Chine ; comp. note 70. C’est pourquoi je me suis cru autorisé à traduire ces mots par «pièces de soie» (comp. la construction bien connue telle que, par exemple, qaptyy [pour qciplyy] ezin, «die Sâcke [qap] mit Habe», Radloff, Pp. d. Vol ksi it., II, p. H87 V. 294, dialecte sagaï). (C’est sans raison que dans sa transcription Radloff a introduit le violent changement de qyryyly, que porte aussi selon lui le texte, en ayyr ayylyy, «als gewichtigen Lohn», p. 79—80, «sehr werthvoll, von hohem Werlhe», p. 86) — Àkinlig est une formation du même genre que qyryyylyy, de âkin (djag., osm.), graine, semence. Le mot qui suit est assez oblitéré sur la pierre ; cependant un examen soigneux des photographies m’a donné pour résultat que, selon toute probabilité, il faut lire isigtisin, ce qui convient et aux vestiges conservés de lettres et au nombre de lettres manquantes. Concernant le mot isigii, qui doit d’après cela désigner une espèce de blé, voir note 70. (Au lieu du dernier mot, Radloff lit àdgù, bon(s), qu’il rattache aux mots suivants ôzliik aiyn, mais que je ne peux pas faire concorder avec les traces de l’inscription. Il conçoit àkinlig comme substantif, «Getreide »[ ?].) — Ôslik ou ôzlàk est en tout cas le même mot que l’ouigour ôsiâk (plutôt ôzlùk ; djag., osm. ôzliik), «selbstandig, Selbst&ndigkeit»,