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Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/193

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P. 21, I. 11—21, lire :

La forme primitive de l’affîxe de l’accusatif (défîni), forme commune dès l’origine aux langues turques, est sans doute partout, tant pour les noms que pour les pronoms, -y, -i, répondant au -i mongol ; donc, par exemple, qayany, àri, màni, bisi, any, buny. Cette forme de Taffixe s’est encore conservée en osmanli, dans le dialecte de l’Aderbeïdjan et en yakoute. Les autres idiomes turcs, au contraire, ont peu à peu et essentiellement par la voie de l’analogie, développé, en dehors des formes pronominales qui déjà se terminent en -ny, -ni, des formes plus amples remplaçant l’affîxe court -y, -i (fait qui s’est produit peut-être en partie pour faire naître une différence plus nette d’avec l’affîxe pronominal de la 3e personne avec les substantifs, affixe qui présente le môme son ?). Ainsi, la plupart de ces idiomes notamment, non seulement les idiomes modernes, mais encore déjà Touigour, ont introduit la terminaison -ny, ni, d’abord sans doute dans les thèmes en voyelle seulement (et cette terminaison s’y trouve encore bornée dans les dialectes de l’Asie Mineure et de l’Aderbeïdjan), mais ensuite aussi avec les thèmes en consonne, p. ex., ouig. jayy-ny, tôrûni ou -nû, at-ny, bis-ni. La seule explication possible de ce phénomène, c’est qu’il est dû à l’influence de l’analogie tirée des formes pronominales où l’on avait, en apparence, cette terminaison, telles que any, buny vis-à-vis du nominatif bu (en réalité an-y, bun-y, de thèmes en n, comp , par exemple, an-da, an-èa, bunda, bun-âa, etc., et de même que, par exemple, dans l’affîxe pronominal de la 3e personne, vis-à-vis du nominatif y, -/, on a -yn^ -in à l’accusatif et figurant comme thème des autres cas, par exemple, ynda, -ynâa^ etc. [à l’accusatif, maintenant souvent, grâce à une nouvelle formation par analogie, -yny^ -ini]). Au surplus, les formes de la susdite série de thèmes pronominaux ont aussi influencé autrement et diversement les formations de cas des autres thèmes ; ainsi on ne saurait voir que l’influence de l’analogie de formes comme anyà, bunyà, lorsque, à ce qu’il semble, ici comme par exemple en osmanh, nous trouvons (voir p. 167) après des thèmes en voyelle, au heu du -Cyjà originaire, nyà, terminaison qui, dans la plupart des langues apparentées, a été complètement établie après t utes les espèces de thèmes. Une influence apparentée pour la forme dative biziàà a été mentionnée p. 159, note 60.

Notre dialecte ancien turc n’a absolument pas connu la susdite formation nouvelle de l’accusatif en ny, -ni. Mais, tandis qu’à en juger d’après les exemples peu nombreux dont on dispose (any, buny), ce dialecte a conservé intactes les formes originaires des accusatifs pronominaux, il a, pour la part des noms, la terminaison singulière -y, g, dont dans les langues modernes nous ne connaissons rien d’analogue. Toutefois, comme on est parfaitement conséquent d’employer sans aucune exception les formes en question, il n’y a absolument pas à douter que cet emploi n’ait réellement correspondu aux formes de la langue parlée (comp. p. 22, note 1) ; mais l’explication historique de cette terminaison n’en est pas