Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/55

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éclaireront mieux toutes ces questions. Les expressions des annales ou des auteurs chinois concernant les écritures des peuples étrangère sont en général trop flottantes et trop vagues pour qu'on puisse rien tirer de solide d'elles seules.

Des Turcs l'alphabet a continué sa route vers le Nord, surtout dans les régions de 1 lénisséi supérieur, c'est-à-dire, sans aucun doute, chez les Kirghiz, par conséquent encore chez une peuplade turque. Comme un certain nombre des formes de lettres que nous trouvons employées ici, sont indubitablement plus primitives que celles que nous rencontrons dans les deux grands monuments de l'Orkhon, nous pouvons supposer avec certitude que l'extension de l'alphabet aux régions de riénisséi est de beaucoup antérieure à ces deux monuments, et a dû avoir lieu au moins dans le VIIe siècle, sinon déjà au VP. On peut présumer que, dans ces régions lointaines, cet alphabet s'est aussi maintenu un peu plus longtemps que chez les Turcs et les Ouigours; mais là-dessus on ne peut rien préciser, car, autant que je puisse voir, les inscriptions de l'Iénisséi ne contiennent aucune indication chronologique directe.

Après le renversement de l'empire turc, en 745, par les Ouigours, l'ancien alphabet turc se présente encore à nous, sous des tonnes évidemment plus jeunes et plus raffinées, dans le monument III de rOj'khon, qui provient de la dynastie ouigoure et paraît dater de 784. Mais ce serait bien aussi là le dernier document relatif à cette écriture, et en outre nous trouvons déjà sur le même monument l'écriture qui prend alors la haute main jusqu'au moment où, à son tour, elle est supplantée par l'alphabet arabe: l'écriture dite ouif/oure, émanée de TEstranghélo syriaque. On doit supposer que si l'écriture ouigoure triomphe de l'ancien alphabet turc malgré la supériorité de ce dernier pour les moyens de représenter les différents sons, c'est d'une part, en général, la puissance avec laquelle une ci- vilisation étrangère exerce son influence, d'autre part, le fait qu'é- tant cursifs à un haut degré, ces caractères sont plus commodes à tracer, tandis que la portée de l'ancienne écriture n'était calculée que pour Tentaille sur bois ou pierre. Il serait en outre intéressant de découvrir, dans l'écriture ouigoure, des réminiscences, non pas de forme naturellement, mais de principe datant de cette antique écri-