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du Turkestan et dans les pays possédés par les Turcs occidentaux, qui s'en trouvèrent si incommodés qu'ils demandèrent aux Chinois d'être placés dans quelqu'une de leurs provinces [1].

Dans les ouvrages qui sont à ma disposition, l'on ne voit pas quelle est, dans les annales chinoises, la désignation de l'an de sa mort. Tandis que Stan. Julien (I. c p. 414) n'indique aucune année, on lit 693 dans Deguignes et Schlegel [2], mais 690 dans Visdelou (p. 46 b). D'après ce qu'on peut déduire à cet égard de nos inscriptions, indiquant l'âge qu'avaient ses fils à la mort de leur père (voir plus loin), il semble plutôt qu'on doive en fixer la date à 691, peut-être, toutefois, à 690, mais non pas à 693.

A la mort de Kou-tou-lou, ses fils étaient mineurs (nos inscriptions nous apprennent que l'aîné avait huit ans, le cadet, sept; voir II E 14 et I E 30); dans ces circonstances, le frère cadet du défunt, celui que les annales chinoises appellent Me-tch'oue (Stan. Julien) ou, d'après la transcription de Schlegel, Mik'tsoat [3] prit sa place et se proclama khan (il faut bien se rappeler que les Turcs restent, de nom du moins, vassaux de la Chine). Je vais présenter, sur ce khan, quelques détails qui me paraissent on*rir de Tintérêt, soit en général comme caractérisant ce type d'un khan turc, soit pour servir de comparaison à la teneur de nos inscriptions.

En 694, dit-on [4], «il attaqua l'arrondissement de Ling-tcheou (sur le Hoang-ho), tua et enleva de force un grand nombre de magistrats et d'hommes du peuple.» Il fit de même pendant les années suivantes, et cela d'autant plus que les Chinois étaient affairés d'un soulèvement des Khi-tan et que, par conséquent, il pouvait penser qu'on ne pourrait lui opposer des forces considérables. Mais ensuite il adopte un autre procédé, probable-

  1. Deguignes, p. 448
  2. Deguignes I, 1, p. 227; 1. 2, p. 448; Schlegel, 1. c peutôtre seulement d'après Deguignes.
  3. Ce nom ne paraît guère turc, et l'on ne sait pas trop quel était en turc le nom propre de ce khan. Les inscriptions ne l'appellent jamais par son nom, mais seulement «mon oncle le kagan».
  4. Journ. as. IV, p. 414 et suiv.