Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/72

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à Me-kiu, fils de Kou-tou-lou [1]. Chacun d'eux possédait vingt mille soldats. Son fils, Fou-kiu, qui avait le titre de petit khan, commandait aux deux précédents. Il avait sous ses ordres quarante mille hommes, et était appelé Tho-si-khan.»

Il va de soi que Me-tch'oue a aussi fait une série d'expéditions contre d'autres peuples que les Chinois, surtout vers l'ouest; mais les textes chinois n'en disent que peu de chose. On rapporte[2] que vers 710 (en 708?) «il se porta à l'ouest avec toute son armée, et attaqua les Tou-ki'chi[3].i> Alors les Chinois profitèrent de son absence pour élever quelques forteresses près de la frontière nord. En 714, il «ordonna à son fils 1-ni-khan de prendre sous ses ordres Thong-'o, du titre de Te-kin, Ho-pa, du titre de Kie-li-fa (Kieh-li-pat, Schlegel; p. 59, note 1), et Chi-chi-pi, et d'aller avec des cavaliers d'élite attaquer Pefij-thing[4], Kouo-

  1. Son titre exact n'est pas indiqué dans le passage cité; comp. Il E 14 — 15, note 21, et I E 17.
  2. Journ. as. IV, p. 428; Deguignes, p. 451; comp. Visdelou, p. 54.
  3. Les Tou-ki-chi, en turc, selon moi, Turgâs (Tûrgàsf Tûrgis ou -ièt) — voir surtout I E 18—19, 36 et suiv. — étaient à proprement parler une grande horde des Turcs occidentaux (comp. p. 63). A peu près au même temps que les Turcs orientaux, ou un peu plus tard, les Turcs occidentaux tombèrent aussi sous la dépendance des Chinois, dont ils subirent constamment la profonde influence: les Chinois déposaient et proclamaient des khans ou les emmenaient prisonniers en Chine; en même temps l'empire des Turcs souffrait beaucoup de luttes perpétuelles, entre autres avec les Persans. En 704, le dernier khan de la dynastie ancienne, prince faible, fut déposé à la suite d'une révolte de ses sujets, qui antérieurement déjà avaient proclamé khan Ou-tche-le, l'habile et brave chef des Tou-ki-chi. De toutes parts on venait se soumettre à lui. Il campait au nord-ouest de la rivière Soui-che (Tchou?), située à l'occident du lac Issi-kul, proche de la rivière Ili. Il établit sa grande cour dans la ville de Koung-yue et sa petite cour sur les bords de la rivière Ili. Après la mort de ce khan, survenue en 706, son fils So-ko (ou Sou-kha) lui succéda Voilà donc comment l'empire des Turcs occidentaux avait été renversé et remplacé par celui des Tou-ki-chi ou Turghès, qui dura jusqu'en 766, époque où il fut renversé par les Ouigours Comp. Deguignes, p 493 et suiv.; Visdelou, p. 54; Klaproth, Tableaux historiques, p. 119 et suiv.
  4. En turc, Bisbidyq, «Cinq-villesv — l'Ouroumtsi de nos jours, sur le revers septentrional des monts Célestes, Thien-chan. Au VIIe siècle, ce fut une des résidences des Tou-kioue. Après que ces derniers se furent soumis à la Chine, Pe-thing fut le siège d'un gouverneur général chinois (louhou). Plus tard. Pe-thing ou Bichbalik appartint aux Ouigours. Voir Klaproth, Mémoires relatifs à l'Asie, II, 1826, p. 355 et suiv.; Bretschneider, 1. c, p. 66, note 157. Comp. Inscr. II E 28.