Aller au contenu

Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 92 —

de mon travail ou qui voudra se donner la peine de comparer en détail la manière dont M. Radloff, d'une part, et moi, de l'autre, traitons ces anciens monuments, verra tout de suite que, indépen- damment du plus ou moins de familiarité avec les idiomes turcs, il y a une profonde différence de principe entre la méthode suivie par cet illustre savant et celle que je regarde comme juste. Ce lecteur verra que non seulement cette différence éclate en maint endroit quand il s'agit de fixer les leçons exactes du texte [1]: elle se révèle à un degré éminent dans le plan à suivre pour la transcription: tandis que sur ce terrain je m'en tiens exactement à ce que donnent les inscriptions et sans rien changer, M. Radloff, tout en suivant parfois de trop près les langues turques (du Nord) modernes, a, selon ma conviction, traité tout au long ce point avec un tel arbitraire, qu'on acquiert même à certains égards une idée fausse de la langue des inscriptions [2]. Enfin je crois que si l'on veut comparer entre elles les traductions, on ne trouvera pas moins de divergence relativement à l'intelligence et à l'interprétation d'un grand nombre de détails qui ont trait soit à la langue, soit aux faits historiques et géographiques mentionnés dans les inscriptions, côté que M. Radloff n'a touché que très rarement [3].

  1. Il est regrettable que M. Radloff ne paraisse point avoir tenu compte des textes contenus dans Inscr. de l'Orkhon, ouvrage qu'en tout cas il ne nomme nulle part: dans ces textes il eût trouvé, en plus d'un endroit, des leçons — ou des indices de leçons — évidemment plus correctes ou plus complètes que celles qu'il a suivies. Du reste, je prie le lecteur qui voudra comparer les textes donnés par M. Radloff et par moi, de vouloir bien, dans les cas douteux, ne pas se prononcer sur nous sans avoir comparé aussi les publi- cations accessibles des inscriptions originales mêmes
  2. Comp., par exemple, plus haut, p. 18, note 2, p. 22, note 1, et plusieurs autres endroits Dans le glossaire postérieurement publié, cet arbitraire a été poussé plus loin encore que dans les textes mêmes
  3. Il serait superflu, même irréalisable d'indiquer expressément chaque divergence de leçon et, encore plus, de transcription ou de traduction. Dans les notes mises au bas des textes turcs, je le fais seulement dans quelques cas où la leçon est en elle même plus ou moins douteuse, en y désignant par R la leçon de M. Radloff. Concernant certains autres cas où il y a des divergences plus importantes ou plus caractéristiques, je me permettrai de formuler, dans les notes explicatives mises à la fin de mon travail, mes objections contre la version Radloff en y joignant les motifs de la mienne. Je pourrais ajouter qu'il y a aussi un assez grand nombre de divergences qui ne sont dues qu'à de petites inadvertances ou à des fautes d'impression soit dans le texte, soit dans la traduction. Par exemple, Radloff, p ô8, X 24 «sechs und zwanzig- 8ten>, qu'il faut lire cacht u. z»; p. 70, Xa 8 «neunten», qu'il faut lire «zehnten», «sieben und zwanzigsten>, qu'il faut lire «s. u. dreissigsten», etc.