Aller au contenu

Page:Inscriptions de l'Orkhon déchiffrées.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 96 -

général sec et monotone, mais aussi l'exposition est assez désordonnée, de l'autre côté il y a de grandes parties où la langue, bien que souvent un peu contrainte et lourde, s'élève néanmoins à des expressions de sentiments réellement profonds et de vraie poésie, et où ce langage est appuyé par un style d'une couleur très caractéristique et souvent fort vive. Comme trait typique sous le rapport du style, il faut surtout signaler la figure bien connue aussi d'autre part et qui consiste à exprimer la même idée en deux phrases coordonnées, construites ou parallèlement ou sous forme d'antithèse. Non seulement cette figure donne au style un cachet tout particulier de force et de charme; mais lorsque une fois l'on a su saisir la sûreté et la logique de l'emploi de cette figure, elle se présente également à nous comme un auxiliaire extrêmement important relativement à la juste intelligence de beaucoup de passages. Quelquefois il se rattache encore à l'emploi de cette figure un usage évidemment intentionnel d'allitérations (voir, par exemple, I E 23 = II E 19, note 31). Si nous y agoutons encore que bon nombre des métaphores que nous trouvons employées dans les inscriptions, se retrouvent aujourd'hui même dans la poésie populaire de diverses tribus turques (j'en citerai quelques exemples dans les notes), tout ceci vient se résumer en une impression tout à fait à part que laissent ces anciennes inscriptions. On dirait presque de lointains échos d'une épopée nationale, tour à tour triomphants et pleins d'une douloureuse tristesse, qui viendraient nous firapper, émanant de ces pierres moussues, dans lesquelles la voix se ranime aiyourd'hui!