sur la savoureuse poitrine d’agneau qui, laissant tomber goutte à goutte une graisse succulente, rôtissait devant le feu.
Je me souvins alors que, dans les transports de mes recherches intérieures, je retenais ce pauvre homme loin de son dîner. Mes entrailles s’émurent de compassion ; et lui mettant dans la main une légère marque de ma gratitude et de mon bon vouloir, je m’en fus en le bénissant de tout mon cœur, lui, dame Honeyball et le comité paroissial de Crooked Lane ; — sans oublier mon misérable mais sentencieux ami au chapeau de toile cirée et au nez cuivré.
Voilà donc que j’ai fini « l’ennuyeusement court » récit de cette intéressante recherche. S’il se trouve qu’il est trop sommaire et peu satisfaisant, je n’en puis apporter d’autre excuse que mon inexpérience dans cette branche de la littérature, si justement populaire à notre époque. Je suis convaincu qu’un commentateur plus habile du barde immortel aurait fécondé les matériaux que je n’ai fait qu’indiquer, de manière à brasser un bon gros volume bien conditionné ; comprenant les biographies de William Walworth, de Jack Straw et de Robert Preston ; une notice sur les principaux poissonniers de Saint-Michel ; l’histoire d’Eastcheap, grand et petit ; des anecdotes particulières sur dame Honeyball et sa jolie fille, que je n’ai même pas mentionnée ; pour ne rien dire d’une jeune personne au pied bien fait, à la cheville élégante, qui veillait sur la poitrine d’agneau, et qui, j’en fis la remarque en passant, était une charmante fillette ; — le tout animé par la révolte de Wat Tyler et éclairé par le grand incendie de Londres.
Tout ceci, je le laisse comme une mine féconde, pour être exploité par de futurs commentateurs ; et je ne désespère pas de voir la boîte à tabac et le « gobelet à filets d’or » maintenant amenés au jour faire le sujet de futures gravures, et enfanter presque autant de volumineuses dissertations et de disputes que le bouclier d’Achille ou le fameux vase de Portland.