amoureux. » Et Camden fait observer de même, dans sa Britannia : « Il est encore ici certaine coutume, consistant à planter des rosiers sur les tombes, observée de temps immémorial, surtout par les jeunes hommes et les jeunes filles qui ont perdu les objets de leur passion : de sorte que ce cimetière en est aujourd’hui tout rempli. »
Quand les morts avaient été malheureux dans leurs amours, on se servait d’emblèmes d’un caractère plus lugubre, tels que l’if et le cyprès ; et, s’il y était répandu des fleurs, elles étaient des couleurs les plus mélancoliques. Ainsi, dans un recueil de poésies de Thomas Stanley, écuyer (publié en 1651), on trouve la stance suivante :
Vous placerez sur mon triste cercueil,
De l’amitié pieux et tendre gage,
L’if éploré, cet emblème du deuil,
Et le cyprès, arbre au sombre feuillage.
De douces fleurs voudraient s’épanouir
Que là bientôt on les verrait mourir.
Dans la Tragédie de la Pucelle est intercalée une touchante petite chanson qui jette du jour sur cette coutume de décorer les tombes de femmes qui avaient été malheureuses en amour :
Mes compagnes, que l’if du pied du mausolée
S’entrelace pour moi, guirlande désolée.
Détachez un rameau sur le saule pleureur,
Et dites : Elle aima toujours avec ferveur !
Mon amant fut sans foi ; je lui restai fidèle
Jusqu’au dernier soupir.
De grâce, pour mon corps ne sois point trop cruelle,
Terre, objet de mes vœux, où je vais m’assoupir !
L’effet naturel de la douleur qu’on éprouve en présence des morts est d’épurer et d’élever l’esprit. Nous en avons une preuve dans la chasteté de sentiment, la naïve élégance de pensée, qui présidaient à toutes ces cérémonies funèbres. Ainsi on veillait avec un soin tout particulier à ce qu’il ne fût employé que des