Page:Isaac Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome1.djvu/34

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On peut encore déduire du mouvement des Cometes que la force attractive du ſoleil ſe fait ſentir à des diſtances énormes dans toutes les parties de l’étendue. En effet ces corps, après avoir parcouru un intervalle immenſe, s’approchent continuellement du ſoleil ; & quelquefois ils ſont ſi près de ce globe qu’ils paroiſſent preſque le toucher lorſqu’ils ſe trouvent dans leur périhélie. C’eſt en vain que les Aſtronômes des ſiécles précédents ont cherché à établir une théorie de ces nouvelles planetes ; cette découverte étoit réſervée à notre ſiécle, & à notre illuſtre Auteur, qui nous a donné des méthodes auſſi faciles dans la pratique quelles ſont conformes aux obſervations. Il eſt donc évident que les Cometes ſe meuvent dans des ſections coniques qui ont leur foyer au centre du ſoleil ; & que les rayons menés du ſoleil aux différents points de leurs trajectoires décrivent des aires proportionelles aux tems. Il ſuit encore évidemment de ces Phénomenes, & l’on peut auſſi le démontrer géométriquement, que les forces qui rétiennent les Cometes dans leurs orbites ſont dirigées vers le ſoleil, & que leur intenſité eſt en raison inverſe des quarrés de leurs diſtances au centre de ce même aſtre. Donc des Cometes gravitent vers le ſoleil, & par conſéquent la force attractive du ſoleil s’étend non-ſeulement aux différentes planetes qui ſe trouvent à des diſtances finies, & qui ſont preſque toutes dans un même plan ; mais elle agit encore ſur les Cometes qui ſe trouvent placées dans toutes les différentes parties du Ciel, & à toutes ſortes de diſtances. Telle eſt donc la nature des corps peſants, qu’ils font ſentir leur action à toutes les distances imaginables ſur tous les autres corps peſants. Il ſuit encore de-là que les Planetes & les Cometes s’attirent mutuellement, & que tous ces corps gravitent réciproquement les uns vers les autres ; & cette conſéquence ſe trouve confirmée par les inégalités des mouvemens de Jupiter & de Saturne, connues des Aſtronomes, & cauſées par les actions réciproques de ces planetes les unes ſur les autres. Le mouvement ſi lent des apſides, & dont on a parlé ci-devant, vient encore à l’appui de cette vérité, & dépend de cauſes entierement ſemblables.

Il faut reconnoître maintenant d’après tout ce que l’ont vient de voir, que la terre, le ſoleil & tous les corps céleſtes qui accompagnent le ſoleil ont une gravitation réciproque les uns vers les autres, par laquelle ils paroiſſent s’attirer. Donc chacune de leurs parties, ſi petite qu’elle ſoit, a pareillement une force d’attraction proportionelle à ſa maſſe, ſuivant ce que l’on a dit plus haut ſur les corps terrestres : à différentes diſtances, les forces de ces mêmes parties ſeront réciproquement comme les quarrés des diſtances ; car il eſt encore démontré que les globes qui attirent, ſuivant cette loi, doivent être