Pour les éviter, il faut diſtinguer le temps, l’eſpace, le lieu, & le mouvement, en abſolus & relatifs, vrais & apparens, mathématiques & vulgaires.
I. Le temps abſolu, vrai & mathématique, ſans relation à rien d’extérieur, coule uniformément, & s’appelle durée. Le temps relatif, apparent & vulgaire, eſt cette meſure ſenſible & externe d’une partie de durée quelconque (égale ou inégale) priſe du mouvement : telles ſont les meſures d’heures, de jours, de mois, &c. dont on ſe ſert ordinairement à la place du temps vrai.
II. L’eſpace abſolu, ſans relation aux choſes externes, demeure toujours ſimilaire & immobile.
L’eſpace relatif eſt cette meſure ou dimenſion mobile de l’eſpace abſolu, laquelle tombe ſous nos ſens par ſa relation aux corps, & que le vulgaire confond avec l’eſpace immobile. C’eſt ainſi, par exemple, qu’un eſpace, pris au dedans de la terre ou dans le ciel, eſt déterminé par la ſituation qu’il a à l’égard de la terre.
L’eſpace abſolu & l’eſpace relatif ſont les mêmes d’eſpece & de grandeur ; mais ils ne le ſont pas toujours de nombre ; car, par éxemple, lorſque la terre change de place dans l’eſpace, l’eſpace qui contient notre air demeure le même par rapport à la terre, quoique l’air occupe néceſſairement les différentes parties de l’eſpace dans leſquelles il paſſe, & qu’il en change réellement ſans ceſſe.
III. Le lieu eſt la partie de l’eſpace occupée par un corps, & par rapport à l’eſpace, il eſt ou relatif ou abſolu.
Je dis que le lieu eſt une partie de l’eſpace, & non pas ſimplement la ſituation du corps, ou la ſuperficie qui l’entoure : car les ſolides égaux ont toujours des lieux égaux, quoique leurs ſuperficies ſoient ſouvent inégales, à cauſe de la diſſemblance de leurs formes ; les ſituations, à parler éxactement, n’ont point de quantité, ce ſont plutôt des affections des lieux, que des lieux proprement dits.
De même que le mouvement ou la tranſlation du tout hors de