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Page:Isaac Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome1.djvu/64

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ſera dans un repos relatif par rapport à ce vaſe. L’aſcenſion de l’eau vers les bords du vaſe marque l’effort qu’elle fait pour s’éloigner du centre de ſon mouvement, & on peut connoître & meſurer par cet effort le mouvement circulaire vrai & abſolu de cette eau, lequel eſt entiérement contraire à ſon mouvement relatif ; car dans le commencement où le mouvement relatif de l’eau dans le vaſe étoit le plus grand, ce mouvement n’excitoit en elle aucun effort pour s’éloigner de l’axe de ſon mouvement : l’eau ne s’élevoit point vers les bords du vaſe, mais elle demeuroit plane, & par conſéquent elle n’avoit pas encore de mouvement circulaire vrai & abſolu : lorſqu’enſuite le mouvement relatif de l’eau vint à diminuer, l’aſcenſion de l’eau vers les bords du vaſe marquoit l’effort qu’elle faiſoit pour s’éloigner de l’axe de ſon mouvement ; & cet effort, qui alloit toujours en augmentant, indiquoit l’augmentation de ſon mouvement circulaire vrai. Enfin ce mouvement vrai fut le plus grand, lorſque l’eau fut dans un repos relatif dans le vaſe. L’effort que faiſoit l’eau pour s’éloigner de l’axe de ſon mouvement, ne dépendoit donc point de ſa tranſlation du voiſinage des corps ambians, & par conſéquent le mouvement circulaire vrai ne peut ſe déterminer par de telles tranſlations.

Le mouvement vrai circulaire de tout corps qui tourne eſt unique, & il répond à un ſeul effort qui eſt ſa meſure naturelle & éxacte ; mais les mouvemens relatifs ſont variés à l’infini ; ſelon toutes les relations aux corps extérieurs ; & tous ces mouvemens, qui ne ſont que des relations, n’ont aucun effet réel, qu’en tant qu’ils participent du mouvement vrai & unique. De-là il ſuit que dans le ſyſtême de ceux qui prétendent que nos cieux tournent au-dessous des cieux des Étoiles fixes, & qu’ils emportent les Planetes par leurs mouvemens : toutes les parties des cieux, & les Planetes qui ſont en repos par rapport aux cieux qui les environnent ſe meuvent réellement ; car elles changent leur poſition entre elles (au contraire de ce qui arrive aux corps qui ſont dans un