Aller au contenu

Page:Isaac Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome1.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& enſuite connoiſſant cette force, j’en conclus les réfléxions pour d’autres cas, & je trouvai que les expériences y répondoient. Les pelottes s’éloigoient toujours l’une de l’autre après le choc avec une vîteſſe relative, qui étoit à leur vîteſve relative dans le choc, comme 5 à 9 environ. Les boules d’acier rejailliſſoient à peu près avec leur même vîteſſe : les boules de liége rejailliſſoient avec une vîteſſe un peu moindre ; & dans les boules de verre ces vîteſſes étoient à peu près comme 15 à 16. ainſi la troiſieme loi ſe trouve confirmée dans le choc & dans la réfléxion des corps par la théorie, & la théorie, l’eſt par l’expérience. Je vais faire voir qu’elle l’eſt auſſi dans les attractions.

Imaginez entre les deux corps A & B un obſtacle quelconque qui les empéche de ſe joindre. Si un de ces corps comme A eſt plus attiré vers B, que B vers A, l’obſtacle ſera plus preſſé par le corps A que pra le corps B, ainſi il ne ſera point en équilibre. La plus forte preſſion prévaudra, & il arrivera que le ſyſtême, compové de ces deux corps & de l’obſtacle qui eſt entre deux, ſe mouvera en ligne droite vers B, & qu’il s’en ira à l’infini dans le vuide avec un mouvement continuellement accéléré, ce qui eſt abſurde & contraire à la premiere loi du mouvement ; car par cette premierer loi, ce ſyſtême doit perſévérer dans ſon état de repos ou de mouvement en ligne droite ; ainſi ces deux corps doivent preſſer également cet obſtacle, & être par conſéquent tirés également l’un vers l’autre.

J’en ai fait l’expérience ſur le fer & ſur l’aiment. Si on poſe l’aimant & le fer chacun ſéparément dans de petits vaiſſeaux ſur une eau dormante, & que ces petits vaiſſeaux ſe touchent, ni l’un ni l’autre ne ſera mû ; mais lis ſoutiendront par l’égalité de leur attraction les efforts mutuels qu’ils font l’un ſur l’autre, & étant en équilibre, ils reſteront en repos.

Fig. 5.De même, la gravité entre la terre & ſes parties eſt mutuelle ; car ſuppoſé que la terre FI fût coupée par un plan EG en deux parties EGF, EGI : les poids mutuels de ces parties l’une ſur