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DE LA PHILOSOPHIE NATURELLE

X.

Les queues des cométes qui ont fait regarder autrefois l’apparition de ces aſtres comme des préſages facheux, ſont miſes maintenant au nombre de ces phénoménes ordinaires, qui n’excitent Différentes opinions ſur les queues des cométes.l’attention que des ſeuls philoſophes. Quelques-uns ont prétendu que les rayons du Soleil paſſant au travers du corps de la cométe, qu’ils ſuppoſoient tranſparent produiſoient l’apparence de leurs queues, de même que nous appercevons l’eſpace que traverſent les rayons du Soleil, paſſant par le trou d’une chambre obſcure. D’autres ont imaginé que les queues étoient la lumiere de la cométe, réfractée en arrivant à nous & produiſant une image allongée de la même maniere que le Soleil en produit par la réfraction du priſme. M. Newton, après avoir rapporté ces deux opinions & les avoir réfutées, rend compte d’une troiſiéme qu’il a admiſe lui-même. Mr. Newton prétend qu’elles ne ſont qu’une fumée qui s’exhale du corps de la cométe. Elle conſiſte à regarder la queue de la cométe comme une vapeur qui s’éleve continuellement du corps de la cométe vers les parties oppoſées au Soleil, par la même raiſon que les vapeurs ou la fumée s’élevent dans l’athmoſphére de la terre, & même dans le vuide de la machine pneumatique. A cauſe du mouvement du corps de la cométe, la queue eſt un peu courbée vers le lieu où le noyau a paſſé, à peu près comme fait la fumée qui s’éleve d’un charbon ardent que l’on fait mouvoir.

XI.

Ce qui confirme cette opinion. Ce qui confirme encore cette opinion, c’eſt que les queues ſe trouvent toujours les plus grandes, lorſque la cométe ſort de ſon périhélie, c’eſt-à-dire du lieu où elle eſt à ſa moindre diſtance du Soleil, où elle reçoit le plus de chaleur & où l’athmoſphère du Soleil eſt dans ſa plus grande denſité. La tête paroit après cela obſcurcie par la vapeur épaiſſe qui s’en éleve abondamment, mais l’on découvre au centre une partie beaucoup plus lumineuſe que le reſte, qui eſt ce que l’on nomme le noyau.