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DE LA PHILOSOPHIE NATURELLE.

un peu moindres dans les quadratures, en Hyver qu’en Eté ; & la Lune étant chaque mois dans ſon périgée, les marées ſont plus grandes alors que 15 jours devant ou 15 jours après qu’elle eſt dans ſon apogée. Par ces deux cauſes il arrive que dans deux ſyzygies continues les deux plus grandes marées ne ſe ſuivent pas éxactement.

Les effets du Soleil & de la Lune ſur la mer dépendent auſſi de la déclinaiſon de ces aſtres, ou de leur diſtance de l’équateur ; car ſi l’aſtre étoit dans le pôle, il attireroit d’une maniére conſtante toutes les parties de l’eau, ſans que ſon action fut augmentée ni diminuée, & par conſéquent elle n’exciteroit aucun mouvement de réciprocation. Donc ces aſtres s’éloignant de l’équateur vers le pôle, leurs effets doivent diminuer peu à peu, & par conſéquent ils doivent cauſer de moindres marées dans leurs ſyzygies ſolſticiales que dans leurs ſyzygies équinoxiales. Dans leurs quadratures ſolſticiales elles doivent, au contraire, être plus grandes que dans leurs quadratures équinoxiales ; parce que les effets de la Lune, qui eſt alors dans l’équateur, ſurpaſſent beaucoup ceux du Soleil : ainſi les plus grandes marées arrivent dans les ſyzygies, & les moindres dans les quadratures de ces aſtres, vers les temps de l’équinoxe de l’un & de l’autre ; & la plus grande marée dans les ſyzygies eſt toujours accompagnée de la plus petite dans les quadratures, comme l’expérience le fait voir.

Le Soleil étant moins éloigné de la terre en Hyver qu’en Eté, les plus grandes & les plus petites marées précedent plus ſouvent l’équinoxe du Printemps qu’elles ne le ſuivent, & elles ſuivent plus ſouvent l’équinoxe d’Automne qu’elles ne le précedent.

Les effets du Soleil & de la Lune ſur la mer dépendent encore Fig. 2. de la latitude des lieux. Que ApEP repréſente la terre couverte de toutes parts par une mer très-profonde ; que C ſoit ſon centre ; P & p ſes pôles ; AE ſon équateur ; F un lieu quelconque de la terre pris hors de l’équateur ; Ff le parallele