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(CLVIII)


Tout homme qui sent l'injustice d’une action, doit refuser d’y prendre part. On ne peut pas entendre le pacte social en ce sens, qu’un être moral se soit soumis, envers le magistrat civil, à imposer silence à la voix de sa conscience, et à devenir un Seïde politique.

Pufendorf n’est pas de l'opinion de Grotius sur la conduite que doit tenir un citoyen quand la guerre est injuste : il croit qu’on doit toujours obéir, parce que dans une question de ce genre, le prince et son conseil peuvent seuls juger de la vérité des griefs, et de la légitimité des motifs de guerre. Pour nous, il nous semble que si l’on ne publie pas de manifeste, ou si le manifeste n’établit aucune cause légitime de guerre, les citoyens sont moralement tenus de recourir à tous les moyens avoués par la justtee, pour refuser d'y prendre parti car le sang innocent qui doit couler, retomberait sur leurs têtes.

Pufendorf explique très-bien une difficulté qui s’élève, dans le cas où des prisonniers ont été relâchés, sur leur parole de ne pas servir pendant un temps déterminé. Cet engagement est obligatoire relativement à une guerre offensive, mais personne ne doit le consentir ni l’exiger dans une guerre purement défensive ; car le premier devoir d’un citoyen est de défendre sa patrie, et il ne