Page:Isis Copia - Fleurs de rêve, 1911.pdf/57

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Les tons les plus changeants, les plus chaudes nuances,
De ses eaux et ses fleurs les belles transparences,
Ses arbres, ses trésors, ses produits enchanteurs ;
Les rayons du soleil parlent tout bas aux fleurs.
… Des arômes de thym, de citron et rose…
Le zéphir voyageur nonchalamment dépose
Ses baisers tout chargés d’ardeur et de parfum
Sur les jeunes bourgeons des plantes ; un à un
Il fouille les longs cils du gazon qui s’incline
Sous le frôlement de sa caresse câline ;
Tout vit dans le transport et danse en folâtrant,
Tout semble dans son être avoir un cœur vibrant ;
Mai coquet, jeune et bel entre’ouvre sa paupière
Et des fleuves d’amour rejaillissent sur terre ;
Oui, tout chante dehors un tendre et gai refrain
Mais au dedans le flot, pauvre exilé, se plaint…

Ah ! qu’ils murmurent doux ces flots mélancoliques,
Pauvres flots inconnus glissant sur le rocher !…
Secouant lentement leurs harpes poétiques
Ils s’amusent à fuir, tourner, se rapprocher,
Se heurter mollement en baisers nostalgiques…

… Et rêveuse près d’eux, près de ces pauvres flots,
Je voyais dans leur sein s’étouffer leurs sanglots ;
Mais d’où venez-vous donc, flots amis, leur disais-je,
Flots amis qui baignez ces trop lestes poissons ?