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Ciel, anges ou démons, assez puissants pour chevaucher les dragons dans l’azur inaccessible. Quand il fut tout près, il se prosterna humblement, mais une poigne solide le remit debout, tandis qu’un des voyageurs célestes demandait, en montrant un point de l’horizon :

— Kalgan ?

Dès que, de son doigt tendu, Pou leur eut indiqué la bonne direction, les deux fils du Ciel échangèrent quelques phrases mystérieuses et incompréhensibles. Puis, soudain, l’un d’eux empoigna le pauvre Pou qui ferma les yeux, croyant sa dernière heure venue. Tiraillé, s’imaginant déjà sentir l’haleine ardente d’une gueule formidable prête à le dévorer, il se trouva assis, sans savoir comment, sur un petit siège fort incommode…

Les fils du Ciel emmenaient Pou sur les ailes du dragon…

Terrifié, se cramponnant à tout ce qui était à portée de sa main, il vit défiler les rivières, les montagnes, les villages, tous les sites connus depuis son enfance et qu’il reconnaissait à peine, défigurés, aplatis, diminués par l’altitude et la distance.

Soudain la ville de Kalgan apparut à l’horizon, grandit, se précisa. Dans la plaine voisine, hérissée d’étendards, une foule immense grouillait autour d’un terrain découvert. Et le dragon se tut, s’abattit, comme un aigle sur le lièvre caché au creux du sillon, à quelques pas des innombrables curieux que retenait une rangée de policiers.

Hagard, éperdu, s’étonnant de vivre encore, Pou regarda autour de lui. Et que vit-il, au premier rang de la foule ? Li-Li, sa chère petite Li-Li, clouée au sol par la stupeur, le regardant de tous ses yeux, ses