LXIII.
LES SAINTS DE GLACE
Doudou Colasse, qui a fini ses devoirs et voudrait bien aller jouer, regarde par la fenêtre, d’un air fort piteux, la pluie qui tombe à torrents. Et comme l’averse persiste, si tenace, si désespérante qu’elle semble ne devoir jamais finir, le gamin s’écrie d’un ton rageur :
— Pourquoi est-ce qu’on dit qu’ c’est l’ printemps, paraît, puisque c’est aussi pire qu’en hiver ?
Mme COLASSE, d’un ton qui n’admet ni la réplique, ni la discussion. — Pasque c’est les saints d’ glace.
DOUDOU, médiocrement satisfait. — Pourquoi qu’is font faire laid, les saints d’ glace ?
Mme COLASSE. — C’est comme ça èt pas aut’ment ! N’a pas mesoin qu’on sét pourquoi.
Consciente d’avoir définitivement élucidé la question, pour le plus grand bénéfice moral de Doudou, elle « monte faire ses chambres » avec la satisfaction du devoir accompli.
Joseph COLASSE, qui fumait sa pipe sans oser rien dire. — Ecoute, mi fi, je t’ la vais espliquer, moi, l’affaire des saints d’ glace, sur le temps qu’ ta mère n’est pas là. Mais n’ lui faut pas dire qu’est-ce que