CHAPITRE vi
Pour terminer l’après-midi, le docteur proposa une promenade à l’antique château-fort, démoli depuis le XVIe siècle, dont les ruines se dressaient, farouches encore, sur le sommet le plus haut, le plus escarpé de la région.
On partit donc par une large sente qui s’enfonçait, mystérieuse, au cœur d’une vieille et noble forêt de chênes et de hêtres. Les pas s’étouffaient dans l’épaisse jonchée de feuilles mortes, puis faisaient craquer, soudain, les fragments d’une branche autrefois arrachée par le vent d’hiver. Les troncs robustes et vénérables estompaient leurs grandes lignes verticales, de plus en plus imprécises, dans la silencieuse pénombre des sous-bois. Une grande paix, trop grande, presque inquiétante à force d’être absolue, tombait de l’impénétrable voûte que ne perçait jamais la gaieté d’un rayon de soleil ou d’un chant d’oiseau. M. Hougnot, comme pour se rebiffer contre cette sensation inattendue et trop forte