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Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/107

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par un beau dimanche

— Pincé en flagrant délit de braconnage !… Et à coups de pierre, encore !… Mes enfants, je confisque l’objet du délit, que nous emporterons chez nous pour en faire une bonne gibelotte.

Pressé de félicitations, de compliments, pour sa merveilleuse adresse à lancer des pierres, l’oncle Brusy, toujours naïf, conta son aventure. À mesure qu’il parlait, l’admiration faisait place au dédain sur le visage de ses interlocuteurs. Quand il eut fini, son beau-frère déclara :

— Du moment où c’est une maladresse, ça ne m’étonne plus, venant de vous. Enfin, puisque vous ne l’avez pas tué exprès, raison de plus pour que je garde l’animal.

Et il tourna le dos, avec mépris, pour aller cacher le lapin sous un buisson où il le reprendrait au retour.

Morne et mélancolique, le docteur songeait :

— Braconnier malfaisant, mais adroit, j’étais admirable. Altruiste bien intentionné, mais maladroit, je suis ridicule. Le but n’est rien, la réussite est tout.

Puis, animé par le secret et confus désir qu’on parlât d’autre chose, il se hâta d’allumer quatre bougies dont il avait eu soin de se munir, car on ne pouvait pénétrer dans le château qu’en traversant des souterrains fort obscurs. En apprenant cette particularité, M. Hougnot esquissa une très vilaine grimace. Ses filles déclarèrent bravement qu’on allait s’amuser comme des fous, puis devinrent, soudain, graves et silencieuses.

À la queue-leu-leu, le docteur en tête et le prudent Hougnot fermant la marche, tous quatre, leur bougie aux doigts, parvinrent devant une petite porte faite de deux planches mal jointes, et criblée de dates et de signatures griffonnées au crayon ou gravées au canif, pour commémorer la visite en ces lieux d’un tas de gens dont