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par une beau dimanche

et le lui épingla au côté gauche de la poitrine, comme une décoration. Baissant la tête et louchant de toutes ses forces vers la luisante camelote, l’innocent resta d’abord immobile, comme écrasé par un bonheur trop grand. Tout à coup, il se dressa, courut au coin sombre qui lui servait sans doute de magasin, en rapporta une manne gigantesque, vraie hotte de Saint-Nicolas, dans laquelle trois ou quatre petits enfants eussent pu jouer fort à l’aise, et la tendit fièrement à la jeune fille.

— Quel crétin ! clama Hougnot… Que veut-il que tu en fasses ?… Il se figure peut-être que nous allons mettre ça aux bagages pour l’emporter chez nous !

Mais Marie, feignant la plus grande admiration, accueillit avec des transports de joie le cadeau de son nouvel ami. « Bon… Bon… » disait-elle en tapant sur l’énorme panier. Et l’idiot répétait : « Bon… Bon… » en tournant l’objet sur toutes ses faces, pour en faire admirer le fini.

Si bien caché dans sa colonne de vapeur qu’on ne se méfiait pas de lui, le jeune repêché entendit alors la malchanceuse Joséphine murmurer piteusement :

— On ne me donne jamais rien, à moi !

Car il faut bien peu de chose pour faire envie à ceux qui n’ont rien. Puis Joséphine se repentit sans doute de sa vilaine pensée, car elle ajouta à voix haute :

— Et la mère de ce pauvre garçon, qu’est-elle devenue ?

— Il y a quelques années, dit le docteur, en pleine nuit d’hiver, par une véritable tempête de neige, on sonna à la grille de mon jardin. Ma vieille servante refusa nettement d’aller ouvrir, et j’hésitais, je l’avoue, à la suppléer en cette tâche. Mais la cloche fut bientôt secouée de nouveau avec tant de violence que je me vêtis en toute