Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/161

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— Sans doute, mon ami… à condition de ne pas éternuer…

— Atchoum !… Atchoum ! répondit l’infortuné.

— Vous voyez bien que c’est impossible… Il vous faudrait un bon grog tout bouillant… Vous n’y avez même pas pensé, je parie !

— J’y ai bensé… Bais je n’ose bas rentrer à l’auberge… Il n’y a, ici brès, que la baison du ferbier… J’y ai bangé une obelette, car je boulais de faim… Bais on n’y avait rien de ce qu’il faut bour faire un grog… Atchoum !… Atchoum !… Et votre bère, dans quelles disbositions est-il, à brésent ?

— Il ne dit rien, mais il se méfie… Il a ses yeux des mauvais jours… Ah ! mon François, comment tout ça finira-t-il ?

— Ça finira très bien… Votre bère consentira, un beu blus tôt, un beu blus tard… Atchoum !

— Vous ne le connaissez pas, mon pauvre ami. Ne vous ai-je pas dit vingt fois qu’il a fait rater les trois mariages de Joséphine ?

— Bourquoi ne se faisait-elle bas enlever ?

— Mais parce qu’elle était le seul soutien de la famille… Sans elle, nous serions morts de faim, père et moi.

— Eh bien, il n’en est blus de bêbe bour vous, Barie, buisque Joséphine est là… Boi, je vous enlèverai, si votre bère bersiste à refuser… Atchoum !

— C’est impossible, mon François… J’y ai tant songé, tant songé déjà… Maintenant que Joséphine s’est sacrifiée à jamais, qu’il n’y a plus à revenir là-dessus, comment voulez-vous que j’aille la sacrifier encore, lui laisser toute la besogne sur le dos, quand elle n’a plus que moi pour l’aider et la consoler un peu ?

— Bais quand vous serez bajeure, bon abour ? Atchoum !