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par un beau dimanche

— J’ demande pas mieux, que d’ vous laisser sortir. Donnez-les moi, vos coupons.

— Je viens de vous dire que mes filles les ont égarés ! Mais ma parole d’honnête homme doit vous suffire, madame !

— C’est pas mis dans l’ règlement. J’ suis là pour prendre les coupons ; donnez-moi vos coupons.

— Je porterai plainte en haut lieu ! Je vous ferai casser, destituer ! J’ai de puissantes relations, madame !

— Vaudrait mieux qu’ vous ayez vos coupons, ça s’rait plus facile pour sortir.

Marie, la fille cadette de monsieur Hougnot, une petite brune à l’air éveillé, tira son père par la manche en lui soufflant pour la dixième fois :

— Fouille-toi encore, papa. Je t’assure que ni Joséphine ni moi n’avons eu les tickets.

— Marie, je suis absolument certain de te les avoir donnés !

— Mais puisqu’ils ne sont pas dans mon petit sac, et que je n’ai pas de poche !

— Alors, c’est que je les ai donnés à Joséphine… Madame, je vous somme de me laisser sortir !

— C’est bien facile : donnez-moi vos coupons.

Cela pouvait durer éternellement, quand M. Pascal Brusy arriva au petit trot, en criant d’une voix énergique : « Qu’y a-t-il ? Qu’y a-t-il ? » comme s’il détenait le pouvoir de tout arranger en un clin d’œil.

— Monsieur n’a pas ses coupons, j’ peux pas l’ laisser sortir, répondit la vieille préposée.

— C’est fâcheux, très fâcheux ! murmura le docteur.

Le menton dans la main, il se mit à réfléchir, résolu à trouver au conflit une solution pratique et immédiate. Son beau-frère continuait à