sûr de lui, que le docteur eut honte de ne pas donner satisfaction immédiate à cet homme. Pour ne pas affronter son regard, il se pencha vers le sol et cueillit une fleurette qu’il effeuilla d’une main machinale.
— Est-ce pour me donner une réponse, que vous avez besoin d’effeuiller la marguerite ? demanda l’autre d’un ton sévère.
— Ce n’est pas une marguerite, c’est un pissenlit, osa faire remarquer le docteur en tendant la petite fleur jaune.
M. Hougnot la lui arracha des mains et la jeta sur le sol.
— Est-ce oui ou non ? demanda-t-il. Consentez-vous à vendre la maison ?
Monsieur Brusy chercha des yeux une autre fleur, puis n’en trouvant aucune, se décida à répondre, d’une voix très basse :
— Heu… Quand Marie sera majeure, nous verrons.
— Quand Marie sera majeure ! clama l’irascible beau-frère… Dans un an et demi !… Croyez-vous qu’une affaire aussi belle puisse attendre ?… Croyez-vous, ignorant ! qu’on lance les affaires comme et quand on veut ?… L’occasion est là, il faut la saisir ; sinon, je ne réponds de rien. Songez-y bien, Pascal, si vous refusez cette fois encore, vous ratez le bonheur de votre nièce et le vôtre !
Le docteur aurait eu beaucoup de choses à répondre sur sa conception personnelle du bonheur. Mais, se sachant démuni de toute chance de succès dans les discussions orales, il n’aspirait pour le moment qu’à détourner cette dangereuse conversation. Soudain, se frappant le crâne, il s’écria avec un air de satisfaction peu explicable :
— Je suis un imbécile !
— Je me tue à vous le dire, opina l’autre. Vous