contact avec le sol familier. Et la vache rousse, ayant retrouvé la sûreté habituelle de sa marche, se remit à brouter en paix, sans s’inquiéter le moins du monde du singulier bracelet dont elle était parée.
Quelques minutes passèrent, qui semblèrent des heures au pauvre M. Hougnot, fort mal installé sur son perchoir. Enfin, des voix humaines chantèrent au loin, plus ravissantes à son oreille que le murmure d’une source pour l’Arabe égaré dans le désert. Et le docteur, Joséphine et Marie surgirent au bas du sentier.
— Tiens, il n’est plus là ! constata M. Brusy.
— Mais voilà sa canne ! répliqua Joséphine.
— Son chapeau, son mouchoir ! s’exclama Marie.
— Il est mort !… Au secours !… Secourez mon père, il est mort ! gémit la grande Joséphine, qui avait lu beaucoup plus de romans-feuilletons que de traités de logique.
— Vous êtes trois idiots ! répondit une voix criarde qui semblait tomber du ciel.
Et, levant le nez, ils aperçurent M. Hougnot perché dans son arbre.
— Que fais-tu là ? demanda Joséphine.
— Singulière idée ! remarqua Marie.
— Les primates de qui nous descendons tous, opina le docteur, ont vécu sur les arbres pendant de nombreux siècles. Il n’est pas impossible qu’une lointaine et mystérieuse poussée d’atavisme…
— Primate toi-même ! grogna M. Hougnot… Vous ne voyez donc pas que j’ai été poursuivi, assailli par ces féroces animaux, qui ont foncé sur moi pour m’éventrer ?
— Pour vous éventrer ? dit le docteur… Mais ce sont les bêtes les plus douces du village !
Puis, après un regard jeté autour de lui, il héla :