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Page:Ista - Par un beau dimanche, 1921.djvu/45

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par un beau dimanche

un petit sou. Mais le chapeau gris ne bougea pas, soit que son propriétaire ne comprît point cette mimique, soit qu’il possédât des renseignements positifs sur le caractère du docteur. Celui-ci, du reste, n’insista pas davantage et demanda à Marie, d’un ton un peu inquiet :

— Il va nous suivre comme ça toute la journée ?

— Il a voulu venir, répondit Marie ; qu’il s’arrange ! Du reste, il est déjà bien heureux de me voir parfois de loin, et s’il doit même s’ennuyer un peu, j’aime autant ça que de le laisser s’amuser avec des camarades qui le conduiraient je ne sais où… Alors, c’est convenu, mon oncle, vous êtes avec nous ?

— Je n’ai jamais dit cela ! protesta l’oncle… Encore une fois, vous oubliez, mademoiselle, que mon devoir est de…

Mais, voyant son beau-frère qui se retournait soudain, il fit de nouveau, très énergiquement cette fois, le petit geste à hauteur de sa hanche. Sur quoi le chapeau gris, à l’arrière-garde, plongea aussitôt derrière une haute touffe de genêts.

— Viens donc voir, Marie ! criait Joséphine en agitant son ombrelle… Viens donc voir quel séjour enchanteur, quel cadre merveilleux pour une idylle !

Les promeneurs étaient parvenus au sommet de la montée. À leurs pieds, au fond de la coupe étroite et profonde que formait un cercle de collines boisées, une vieille ferme aux murs gris, aux toits violets, se cachait à demi sous des arbres centenaires dont le feuillage chantait doucement au gré de la brise. Une rivière scintillait au pied des grands bois sombres. Des haies d’aubépine sertissaient, dans leurs contours capricieux, la fraîche émeraude des prés nourris par l’inépuisable humus des terrains d’alluvion. Un troupeau de vaches aux robes bigarrées des-