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par un beau dimanche

mandé à la voir. J’estime qu’en pareille circonstance ses devoirs familiaux doivent primer ses devoirs ancillaires.

— En d’autres termes, railla M. Hougnot, votre servante porte la culotte et consent à vous servir quand elle n’a rien de mieux à faire ailleurs. Vous ne savez pas vous faire obéir, mon cher Pascal.

— Il est très difficile, avoua le docteur, de se faire obéir et de se faire aimer en même temps. Il ne faut pas trop demander.

Mais la conversation des deux beaux-frères fut soudain interrompue par les cris extasiés de la grande Joséphine, toujours prête à se pâmer devant ce qu’elle s’imaginait être poétique. Et ils la virent plantée en face d’une vieille maison abandonnée, noire et crasseuse, lézardée et ventrue, sombre et revêche au delà de toute expression, mais dont la porte cintrée montrait, sculpté sur sa clef de voûte, le millésime bien visible encore de 1736.

La grande haridelle déclamait, sa mitaine droite collée près de son aisselle gauche, où elle croyait le cœur situé :

— Comme c’est ravissant, ces vieilles demeures ! Cela fait rêver à tant de générations qui se sont succédées dans ce modeste asile, aux jolis bergers en culottes courtes et en bas chinés, aux gentilles bergères en robe Watteau, qui menaient paitre sous la feuillée leurs moutons tout blancs, tout frisés…

— Entrons dans la demeure des gentils bergers, interrompit le docteur, en ouvrant d’un coup de pied la porte vermoulue, dont la serrure et le loquet avaient disparu depuis longtemps.

Tous quatre pénétrèrent dans la vieille masure, puis, serrés les uns contre les autres, regardèrent autour d’eux, en silence, avec l’étrange