Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

bas du talus, au-dessus duquel notre maison dormait le sommeil du désespoir. Et, pour une fois, je me mis à grimper cette pente que je n’avais jamais parcourue qu’en dégringolant.

Arrivé en haut, j’appuyai l’échelle, le cœur battant, et je frappai le carreau, qui vola en éclats. Alors, après un instant de puissante émotion, j’entendis la douce voix de Kyra, criant de son placard :

« C’est toi, Dragomir ? »

En m’entendant appeler par la chère sœurette, prisonnière dans son iatak, je frémis et criai :

« C’est moi !… Je viens pour vous délivrer !… »

Et, par la brèche, je me jetai à l’intérieur et tirai le verrou. Kyra, toute pâle, le visage gonflé de pleurs, m’enlaça le cou et demanda vivement :

« Et maman ?… Et maman ?…

— Elle est enfermée dans la cave, il faut la tirer de là, et nous sauver !… »

La porte de la maison était fermée à clef. J’ouvris une fenêtre et sautai dans la cour. À coups de hache, je brisai les pitons et descendis l’escalier, suivi de Kyra. Une odeur de moisissure, de choucroute et de légumes pourris nous prit au nez, car depuis deux ou trois ans personne n’allait plus à la cave.