Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/112

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sous leur protection ; ce sont mes frères, deux hommes de cœur et de parole. Je ne puis pas vous amener chez eux, où je vais en ce moment, car vous êtes encore des enfants ; vous pourriez les trahir malgré vous. Et au cas où ils n’arriveraient pas avant l’heure de kindié, rentrez dans la cité et demandez, en mon nom, hospitalité à la locanda où je suis abonnée ; mais ne quittez plus votre chambre avant que mes frères viennent vous chercher ! J’ai encore une chose à vous recommander : notre corps est sujet à des maladies affreuses. Par la grâce de Dieu, ni moi, ni vous, n’avons connu cette souffrance, mais elle existe, et sans nombre sont ceux qui en sont atteints. Pensez à eux dans vos moments heureux, et versez, tous les ans, une partie de votre argent à la maison où ces malades sont soignés ! Je vous laisse beaucoup d’argent chez mes frères… »

En disant cela, elle tira de sa cassette deux bagues, qu’elle noua dans un mouchoir en soie et cacha dans le sein de Kyra, nous embrassa longuement, longuement, et partit, entièrement enveloppée dans son manteau à capuchon.

Lorsqu’elle fut à une trentaine de pas, elle se tourna vers nous et colla ses mains à ses lèvres ; puis levant le bras tout en haut,