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Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/114

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nous montâmes sur une tabié et nous vîmes un nuage de poussière se dessiner au loin sur la route de Cazassou. Au bout de quelques minutes, deux cavaliers surgirent, galopant et laissant derrière eux une traînée poussiéreuse. J’eus peur et descendis, craignant d’être foulé sous les sabots des chevaux, dont la crépitation rythmique parvenait à mes oreilles. Mais Kyra ne me suivit pas. Debout sur la crête, sa jupe légère flottant, elle faisait signe du mouchoir et cria de plaisir, à l’arrivée impétueuse des deux hommes. Ceux-ci prirent leurs chevaux par la bride, entrant dans le champ, leur enlevèrent le mors et les laissèrent paître entre les deux tabié qui les cachaient, du côté de la route.

Kyra descendit rapidement la pente, se débarrassa du voile qui lui serrait la tête, et — sa belle chevelure d’or répandue sur ses épaules, — elle se jeta aux pieds de nos oncles inconnus, qui se tenaient devant nous, hauts et larges comme deux chênes touffus. C’étaient deux colosses de même taille, paraissant avoir entre quarante et cinquante ans, l’un plus jeune que l’autre ; ils portaient des turbans sur leurs têtes tondues au ras du cuir ; barbes et moustaches tombantes leur cachaient la bouche ; leurs grands yeux avaient un regard péné-