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Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/120

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Danube ; et un galop fantastique me fit croire, pendant quelques minutes, que le diable m’emportait. Sous l’admirable clair de lune qui argentait le chemin, la chevelure de Kyra, échappée de son manteau, flottait en l’air comme une quenouille défaite.

Peu après, nous commençâmes à descendre une pente ; quand l’écharpe du fleuve apparut étincelante, les deux chevaux ralentirent leur folle allure, et enfin, brusquement, stoppèrent à l’orée d’un petit bois de saules ; nous nous trouvions à l’endroit appelé Katagatz, à une heure à pied du port et de notre maison. Là, sans descendre de cheval, les deux hommes se rapprochèrent et échangèrent quelques mots que je ne compris point ; puis, l’aîné mit deux doigts dans sa bouche, lâcha un sifflement long et perçant, et, après une petite pause, deux autres très courts.

Au bout d’un moment, un vieillard turc à longue barbe blanche surgit d’entre les saules, s’approcha, traînant des sabots, et fit une téméné[1], les bras croisés sur la poitrine.

Mes oncles répondirent en turc, par un :

« Bonsoir, Ibrahim. »

Il prit les chevaux par la bride, et nous

  1. Salamalec.