Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tapis pauvre et usé, Kyra, jetée tout habillée sur son lit, vit l’inanité de sa vengeance, et pleura plus fort que moi.

Épeuré de me voir seul dans ma chambre, les yeux remplis d’horreur, j’emportai une couverture, et m’étendis sur le divan de ma sœur. Je m’endormis bientôt, brisé par les trois jours de torture, laissant les bougies allumées et Kyra en sanglots.

Le lendemain matin, je fus tout de même content, lorsque les premiers rayons de soleil pénétrèrent dans la chambre, qui me parut plus belle. Mais l’idée de revoir mon père m’affola. Je réveillai Kyra, qui dormait, et je lui proposai de nous sauver. Elle pensait comme moi. Les yeux rouges, la face gonflée, elle restait au bord du lit dans un état de prostration. Je crus qu’elle avait des remords et je le lui demandai :

« Non », me répondit-elle ; « je suis désespérée que le père ait échappé… S’il était « parti » en même temps que son fils, nous serions en ce moment chez nous… Cette laideur me dégoûte… »

Et elle jeta un coup d’œil dédaigneux sur la chambre. Nous sortîmes. Devant la porte, par la fraîcheur matinale, l’hôtelier fumait