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Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/177

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de me rattraper au village qu’on apercevait à trois kilomètres environ.

Au coup de pistolet que le bey fit retentir, j’enfonçai les éperons dans les flancs de « Kyralina ». La jument se dressa sur les jambes de derrière, mordit son frein et partit comme le vent. Je lâchai les brides et m’accrochai solidement à la selle. Le vent sifflait dans mes oreilles avec une telle violence que j’essayai en vain d’entendre le galop de mon rival ; ne sachant pas dans quelle mesure je perdais du terrain, je frappais furieusement dans le ventre de la bête. La terre tournait autour de moi. La route grisâtre fuyait comme dans un enchantement.

Bientôt le village apparut, fut atteint, traversé et dépassé, sous le regard épouvanté des habitants. Oies, poules, canards qui par malheur se laissèrent surprendre au milieu du chemin furent foulés sous les sabots des chevaux.

Enfin, je fus rattrapé à un kilomètre de là. Peu après, les domestiques arrivèrent à leur tour, apportant mon fusil que je ne savais même pas avoir perdu.

« Je suis battu ! » me dit le bey, en me serrant la main. « Demandez-moi ce que vous voulez et je paierai.

— Eh bien, » dis-je, « donnez-moi un