Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/183

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bûcherons. Et sans cesse je me demandais : « Suis-je libre, ou non ? »

Je voyais la terre vaste et belle s’offrir à mes yeux, et je ne savais pas si j’étais libre de me lever et de partir, de marcher sur mes jambes. L’ombre d’une main invisible me menaçait ; elle pouvait me saisir au collet et me retenir.

Le sommeil vint me tirer d’embarras. Mes paupières se fermèrent. Lorsqu’elles se rouvrirent, je me vis beaucoup moins embarrassé qu’avant de m’endormir, car, à mon côté, assis à la turque, Moustapha-bey veillait sur mon bonheur. Me montrant un petit sac en peau de biche, il me dit, pendant que je me passais la main sur les yeux pour chasser ce que je prenais pour un cauchemar :

« Tenez, Dragomir, je vous apporte votre déjeuner… Vous devez avoir faim. »

Et un peu plus tard, allant au trot des chevaux :

« Ah ! » s’exclama-t-il ; « vous êtes donc capable de me jouer des tours pareils ? Ne saviez-vous pas que ce que le Musulman attrape, Dieu l’oublie ? »

Quelques jours plus tard, en rentrant à Constantinople, la première parole du