Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/66

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moi plus à mon aise. Tincoutza était radieuse et fière de moi.

« Ah, pourquoi les choses n’en sont-elles pas restées là ? Ou pourquoi ne me suis-je pas sauvé avant le drame ? Car le drame, long, interminable, arriva trois semaines après, — trois semaines de torture peu connue et peu croyable, quand chaque baiser que je recevais de ma fiancée me semblait un conseil de prendre mes jambes à mon cou et d’aller me perdre dans le monde : ce drame débuta avec la noce.

« Maintenant je suis arrivé au monstrueux forfait qui brisa ma vie et celle de l’innocente Tincoutza ; je suis arrivé, mon brave Mikhaïl, à votre perversion, à votre violence, au vice, à toutes les malédictions que des brutes marchant sur deux pattes pratiquent sous la forme de mœurs, de coutumes, de traditions, — empoisonnant la vie et tyrannisant des innocents ; car, aussi bien que ma chaste fiancée, moi aussi j’étais un innocent, dans mon cas maladif.

« Vous ne savez peut-être pas, Mikhaïl, de quoi il s’agit. Vous ne savez pas que, chez nous, lors de la fête nuptiale, des femmes de la famille et même des femmes étrangères envahissent la chambre à coucher des jeunes époux quelques heures