et reniflait en faisant de petits pas autour d’eux. Stavro se leva, alla ramasser des branches sèches et alluma un feu ; et quand la braise fut prête, il chercha dans la voiture le matériel à faire le café, fit bouillir l’eau, et jeta dans l’ibrik en cuivre le sucre et le café nécessaires. Après quoi, avec un talent de cafédgi, il versa le liquide écumant et aromatique dans les trois tasses sans soucoupes, appelées félidganes, servit, s’assit les jambes repliées à la mode turque et commença :
Je ne me souviens plus de la date ni de l’âge exact que j’avais, à ce moment-là. Mais je sais que l’événement qui suivit de près le drame fut la guerre de Crimée.
Petit enfant, je me rappelle la dureté d’un père qui battait la mère, tous les jours, sans que je comprisse pourquoi. Ma mère manquait souvent à la maison, revenait et était battue, avant le départ et après l’arrivée. Je ne savais pas si on la maltraitait au départ pour la faire partir ou pour la retenir, ni, à l’arrivée, si c’était à cause de son absence ou pour qu’elle ne revînt plus.
Je me rappelle encore qu’en ce temps embrouillé, à côté du père, se tenait le