Page:Istrati - Kyra Kyralina.djvu/95

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visites bien désagréables. Comme, depuis environ deux ans, le père ne couchait plus chez maman, et ne venait que trois ou quatre fois par mois pour nous battre, la maison était tranquille.

Exemptes de souci domestique, les deux femmes passaient leur temps au repos, au bain, à la toilette, à la mangeaille, aux sirops, aux narguilés, et aux réceptions des « courtisans ». Elles n’oubliaient pas les prières non plus, mais n’allaient jamais à l’église ; et le temps sacrifié au bon Dieu était bien court. Ma mère s’en excusait en disant :

« Le Seigneur voit bien que je ne le contredis pas : je reste comme il m’a faite… J’écoute, soumise, les cris et les ordres de mon cœur… »

Kyra objectait :

« Mais, maman, ne crois-tu pas que le Diable s’y mêle aussi, parfois ?

— Non », répondait-elle ; « je ne crois pas au Diable ; Dieu est plus fort que lui… Et si nous sommes comme nous sommes, c’est parce que Dieu le veut… »

Et certes, maman était contente de ce que son Dieu voulait qu’elle fît, car il ne voulait pas de choses pénibles.

Il voulait, premièrement, que la mère et