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Page:Itinéraire de Cl Rutilius Numatianus, poème sur son retour à Rome, trad Despois, 1843.djvu/17

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Relève ta tête chargée de lauriers, ô Rome, et que tes cheveux blanchis se disposent sur toit front sacré, comme la chevelure d’une jeune déesse ! Que ton diadème d’or fasse rayonner fièrement sa couronne de tours ; que l’or de toit bouclier vomisse incessamment des feux. Oublie tes disgrâces, et tu en effaceras le souvenir ; méprise ta douleur, et tes plaies se fermeront. Toujours ce fut ta coutume d’espérer le bonheur dans l’adversité : à l’exemple du ciel, tu t’enrichis de tes pertes. C’est en disparaissant que les astres préparent leur brillant retour ; la lune s’éteint heu à heu pour recommencer sa carrière. La victoire d’Allia ne put retarder longtemps la perte de Brennus ; le Samnite expia dans l’esclavage le cruel traité de Caudium : c’est après de nombreux échecs que tu vis Pyrrhus fuir devant toi ; Annibal même eut à pleurer ses succès. Les corps que leur nature maintient à la surface des eaux, remontent avec un plus rapide essor et s’élancent plus haut du fond des ondes où l’on veut les plonger ; un flambeau que l’on penche resplendit ensuite d’une plus vive lumière ; ainsi, abattue un moment, tu te relèves plus brillante. Propage tes lois, dont la durée égalera l’éternité ô Rome ; seule tu peux braver le fuseau des Parques ; et pourtant aux onze siècles que comptent tes murs s’ajoutent encore soixante-neuf années. Dans l’avenir tes destinées ne connaitront aucune borne, tant que la terre restera immobile, que le ciel portera les astres. Les malheurs qui renversent les empires te donnent une vigueur nouvelle ; ta destinée est de renaître en grandissant toujours par tes maux.

Courage ! et que la nation qui t’a profanée tombe à tes pieds comme une victime expiatoire ; que les Gètes tremblants courbent devant toi leur tête perfide. Qu’ils payent de riches tributs à la terre enfin pacifiée ; que la dépouille des barbares remplisse ton auguste sein. À toi pour toujours les récoltes du Rhin, à toi celles que fécondent