À sa requête, le Savoisien répondit courtoisement :
— Je suis heureux, monsieur, qu’une minute de moi vous paraisse précieuse, puisque rien ne s’oppose à ce que je vous la consacre.
— Merci, señor, merci, reprit le substitut avec l’accent de la reconnaissance. Je ne suis, pas un rico hombre (homme riche), mais un cavalier sans fortune qui souhaite avoir recours à vos bons offices.
— Que puis-je pour vous être agréable ?
Garpanao tira de sa ceinture une navaja (couteau importé jadis par les Catalans), dont la lame brilla au soleil, et d’une voix hésitante :
— Porter ceci de ma part à Guzman Sanchez y Miratilla, en son hôtel de l’avenida Giraldi.
— Pas difficile ! s’exclama Jean.
— Pas difficile pour vous, señor, peut-être. Cette déclaration facilite un aveu que j’ai à vous faire… Pas rico hombre, je vous l’ai dit. Dans cette bourse, j’ai réuni mes économies : deux cents piastres… c’est tout ce que je puis