Page:Ivoi - Femmes et gosses héroïques.djvu/272

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d’un village détruit tout proche. Je cherche ma famille disparue. Il y a du vrai, ma famille s’est évaporée le jour de ma naissance.

Quatre kilomètres. Le village, c’est-à-dire les décombres… Tout au bout, une seule maison se tient à peu près, sous le drapeau d’ambulance, qui flotte sur le toit.

Juste ! un tombereau s’amène. Le charretier aide quelques blessés belges à descendre ; puis il repart en chercher d’autres. C’est le Madeleine-Bastille des éclopés.

Je me roucoule :

— J’ai passé en revue Français, Anglais, Indiens, tirailleurs ; je dois la même politesse aux Belges. J’emboîte le pas. Avec mon laissez-passer, j’emboîterais le grand saint Pierre.

Le camion, l’homme et moi, on entre tous les trois dans une ancienne ferme aux toitures crevées, aux murs branlants, découpés de lézardes que l’incendie a maquillées en noir.

Une madame Croix-Rouge se profile entre deux monceaux de plâtras. Elle fait un signe. Le voiturier la suit et moi aussi.