chuchotés glissent, dans le silence nocturne, jusqu’à mes oreilles, tel un bruissement d’espérance.
J’entends le blessé haleter :
— Vous m’reconnaissez pas, m’sieu le curé, dans cette nuit de cirage ; je suis Lévy, l’juif.
— Et tu appelles Dieu, Jéhovah, répond le prêtre d’une voix douce autant qu’une caresse… Sous tout nom, il demeure l’Infini ; tous les hommes sont ses fils. Frère, prions-le ensemble.
Une émotion extraordinaire me pénètre. Pour la première fois j’assiste à la conduite d’un mourant jusqu’au seuil de l’Inconnu. Je me surprends à envier la foi qui console, qui fait entrer dans la mort comme dans une apothéose.
Aïe. Une « marmite » arrive sur nous, précédée par son ronflement caractéristique.
Écimant un sapin, l’obus tombe à quelques mètres, éclate, projetant en un vacarme assourdissant une nappe de flamme, de fumée, de fragments métalliques.
Et avec un cri de douleur, l’aumônier a roulé sur le sol.