Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/104

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Le serviteur était un de ces simples qui, dans le corps cassé d’un vieillard, ont conservé une âme d’enfant. Pas plus que les deux femmes, il ne pouvait être coupable du crime.

Au reste, il répondit sans hésiter à toutes les questions… Les issues étaient closes… Il avait discerné un sifflement, tout comme la señorita… À ce moment, il cherchait à placer son assiette sur la cheminée… Il s’était retourné au cri de Mme  la comtesse et avait aperçu le sang coulant de la blessure… Alors, il avait perdu la tête, s’était enfui en criant au secours.

Sur les joues de M. Lerenaud se plaquaient des teintes roses. Évidemment, il s’énervait, en face du mystère impénétrable.

Une heure se passa à interroger les domestiques, à rechercher dans le jardin une trace du passage de l’assassin.

Rien, toujours rien.

La plus légère lueur manquait.

Nul indice, décelant l’intrusion d’un étranger dans la maison.

Personne n’avait perçu la moindre détonation.

Le concierge de la grille déclarait n’avoir ouvert à aucun être en dehors du capitaine Anoru, lequel lui avait décliné ses nom et qualités, puisque, selon les ordres de la doña, il était le seul visiteur que l’on dût recevoir.

Mme  de Armencita se lamentait dans le grand salon, où on lui avait permis de se réfugier pour ne plus voir ce pobre señor Anoru, mais Linérès suivait le chef de la Sûreté partout, insistant auprès des domestiques, multipliant les interrogations… La solution du problème semblait maintenant lui tenir au cœur, autant qu’au policier lui-même.

— C’est effrayant, s’exclamait-elle… Un revolver, je dois vous croire… Un revolver frappe à côté de moi… et je ne vois rien, je n’entends rien… Cela, ah ! cela. Il y a de quoi devenir folle.

Son calme l’avait abandonnée.