Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/106

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Comment la distinction suprême de cet homme s’alliait-elle à son indépendance d’allures, à son dédain des conventions sociales ? Comment cet être de race s’était-il fait policier amateur, et cela sans répugnance, sans lutte, avec l’inconscience, pourrait-on dire, du mépris immérité que la société fait peser sur ceux qui la défendent ?

Comment le personnage déconcertant, qui s’avouait modestement professeur sportif à l’école militaire de West-Point, avait-il pu obtenir la lettre autographe du président Loosevelt, l’accréditant auprès de la police française ? Obscurité, partout.

Cinq jours auparavant, quand Allan s’était présenté à son domicile particulier, il l’eût certes considéré comme un fou, il l’eût envoyé à l’infirmerie du Dépôt, si le jeune homme ne lui avait remis la lettre d’introduction que voici :

« La Maison-Blanche, Washington
(États-Unis).La Maison

xxxxxxxx« Monsieur le chef de la Sûreté de France.

« Une œuvre de justice justifie, toutes les infractions au protocole. C’est pourquoi j’accrédite M. Allan, auprès de vous, de façon ultra confidentielle. Veuillez l’entendre, lui garder le secret le plus absolu et l’aider de tout votre pouvoir.

« Moi, président élu de la République confédérée des États-Unis, je vous serai personnellement reconnaissant de ce que vous ferez pour mettre fin à une situation qui est une honte pour un pays civilisé.

« Je serre votre main.

« Loosevelt. »

À diverses reprises, M. Loosevelt, le grand homme d’État américain, avait surpris l’Europe par l’audace de ses conceptions, la promptitude de ses décisions, le dédain qu’il professait pour les formes surannées des protocoles officiels. Et cependant M. Lerenaud n’avait pas été maître de sa stupéfaction à la lecture de cette missive originale.

Un chef d’État adressant au directeur de la Sûreté d’un autre État une lettre autographe, et cela en termes qu’eût pu employer le moindre citoyen, c’était déjà fort inusité.