Page:Ivoi - Jud Allan, roi des gamins.djvu/162

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— Je vous ai d’ailleurs répondu qu’une enquête directe, même justifiée, serait dangereuse ; que ce serait faire le jeu de Jemkins et mettre en péril Lilian.

— C’est encore vrai.

— Je conclus en vous disant : « Ce que j’espère de vous, c’est une enquête à côté, telle que Frey se trompe sur son but réel ; c’est l’intrusion de la justice dans ses affaires, sans qu’il soupçonne qu’on le veuille démasquer. » C’est là ce que je sollicitais de vous.

— Et c’est ce que je vous promis, sous la seule condition que vous me fourniriez le point initial de l’enquête.

D’un mouvement inconscient, Allan saisit la main de son interlocuteur, qui répondit vigoureusement à son étreinte.

La voix du jeune homme tremblait légèrement quand il continua :

— Je vous apporte ce point initial, puisque telle est votre expression.

Le visage de M. Loosevelt exprima une joie sincère.

— Vraiment, J’en suis tout à fait content. Et ce point ?

— Ne m’interrogez pas, marquez-moi une fois encore la confiance qui m’a donné le courage.

— Je ne saurais vous la retirer, quand même je le voudrais.

— Tout à l’heure, vous assisterez à la séance du Sénat ?

— Sans aucun doute. Vous savez que je me fais un devoir de n’y point manquer.

— Eh bien, il se produira un incident qui vous permettra d’entourer Frey Jemkins de policiers, sous couleur de le protéger.

— De le protéger ? répéta l’homme d’État avec une évidente surprise.

— Oui, de le protéger. Il ne pourra, de la sorte, supposer que cette protection est l’avant-coureur d’une accusation.

— Mais ne m’expliquerez-vous pas ?… grommela M. Loosevelt, dont la curiosité sembla surexcitée.

— Je vous en prie, ne me pressez pas. Vous verrez, vous entendrez.

— Soit ! Je me résigne, mais une recommandation, soyez prudent.